Call for Papers – The French Journal of Medieval English Studies BAM (Bulletin des Anglicistes Médiévistes) 2

西洋中世学ニュース

APPEL A CONTRIBUTIONS

La revue d’études médiévales anglaises BAM vous invite à soumettre un article pour son numéro 93 qui, dans la continuité de la thématique du congrès 2018 de la SAES, sera consacré au thème “révolution”. Les articles, en anglais ou en français, seront à envoyer avant le 30 octobre 2018. Nous recommandons aux auteurs intéressés de faire parvenir un titre et une brève description du contenu de leur article dès que possible.

Le terme “revolution” n’apparait pas dans la langue anglaise avant le XIVe siècle. Le mot est emprunté au français revolucion qui est issu du latin revolvere. En latin médiéval, l’acception de revolutio devient à la fois scientifique et religieuse puisqu’elle renvoie au mouvement des corps célestes ainsi qu’à la transmigration des âmes (ou métempsycose). La première trace du mot “revolution”, utilisé pour signifier un brusque changement dans l’ordre social, date de 1450. Pour autant, cet emploi ne devient courant qu’à partir de la fin de XVIIe siècle.

De prime abord, il semblerait alors que l’utilisation du terme “révolution” dans un contexte médiéval soit anachronique. Néanmoins, ne pourrait-on pas aujourd’hui qualifier de révolution ou de révolutionnaire certains rapports de force qui ont pu exister en Angleterre au Moyen Âge et dont les enjeux furent le bouleversement de l’ordre politique et sociétal établi, la transformation économique du pays et les grands changements institutionnels et juridiques? La Révolte des paysans de 1381 ne serait-elle pas en fait une révolution ratée ?

En matière religieuse, le thème soulève la question de la reformatio et l’on pourrait explorer les différentes idées réformistes portées au sein de l’Église qui, entre le XIe siècle et le concile de Latran IV (1215), revendique la libertas ecclesiae et cherche à purger un système gravement corrompu. Plus tard, avant la Réforme, ce sont les Lollards qui, à partir du XIVe, vont tenter de transformer l’Église en profondeur. Certaines de leurs idées, comme la traduction de la Bible en langue vernaculaire ou l’abolition du célibat des prêtres, caractérisées alors comme hérétiques, n’étaient-elles pas révolutionnaires ?

Dans un registre moins sulfureux, “Révolution(s)” peut également être lié à la renovatio culturelle anglaise. Si le thème évoque à la fois une rupture et un retour au point de départ, il en est de même pour le terme “renaissance”, utilisé pour caractériser, en même temps, un bouleversement intellectuel, la rupture avec un passé immédiat et la redécouverte d’un passé lointain glorieux. Ainsi des réflexions pourraient être menées sur le sens des renaissances northumbrienne, alfrédienne ou encore du XIIe siècle. Celles-ci ne révèlent-elles pas certaines caractéristiques similaires aux révolutions cultuelles ?

Par ailleurs, c’est le rapport entre oralité et écrit qui évolue au cours du Moyen Âge. Certains historiens qualifient de “première révolution de l’écrit” la multiplication des textes entre les XIe et XIVe siècles — mais l’évènement révolutionnaire par excellence de la toute fin du Moyen Âge pour ce qui est de l’écrit reste bien entendu l’invention de l’imprimerie, évènement qui pourra être étudié sous l’angle civilisationnel ou technologique. Avant cela, la professionnalisation de la fabrication des manuscrits peut également être considérée comme un profond bouleversement, même s’il fut plus discret et progressif. Comment les monastères, dont c’était une source importante de revenus et de prestige, l’ont-ils vécu ? Ont-ils tenté de combattre cette compétition nouvelle ou se sont-ils inclinés devant elle ?

En linguistique, on pourra comparer les influences respectives des langues parlées par les envahisseurs scandinaves ou normands à des périodes différentes sur l’anglais : faut-il y voir une évolution naturelle chahutée par l’histoire ? Et le retour à la langue vernaculaire dans la littérature anglaise comme une renaissance ? Le basculement d’une langue flexionnelle à l’ordre des mots souples vers une langue de plus en plus isolante à l’ordre des mots fixe peut-il être considéré comme une révolution ?

On pourra aussi se pencher sur la fin de l’anonymat des auteurs, qui indique un changement profond dans le rapport au passé et aux auteurs canoniques, et représente une forme de libération. On pourra également se poser la question des révolutions “qui n’ont pas eu lieu” ou alors beaucoup plus tard que dans d’autres pays européens : pourquoi les auteurs de langue anglaise ont-ils privilégié tout au long du Moyen-Âge les formes versifiées pour conter leurs histoires plutôt que la prose ?

Les articles, en anglais ou en français, seront à envoyer avant le 30 octobre 2018 à nolwena.monnier@iut-tlse3.fr. Ils donneront lieu à une évaluation en double aveugle. La feuille de style est à retrouver sur le site de l’AMAES : http://amaes.org/publications-de-l-amaes/notre-journal-bam/soumettre-un-article/

CALL FOR PAPERS

The French Journal of Medieval English Studies BAM is seeking submissions for a special issue focusing on the notion of “revolution”. The papers, written in French or English, should be submitted to Nolwena Monnier by October 30, 2018 (see more information below). Authors who wish to submit a paper are advised to get in touch and submit a title with a brief description of content as soon as convenient.

The papers will be published in issue 93 of BAM. The text below offers suggestions for how this topic can be interpreted, but contributions on other relevant topics are welcome.

The word “revolution” does not appear in English before the 14th century. The word is borrowed from French revolucion, derived from the Latin revolvere. In medieval Latin the meaning of revolutio becomes both scientific and religious as it describes the movement of celestial bodies and the transmigration of souls (metempsychosis). The first known occurrence of the word “revolution” to describe an abrupt change in social order dates from 1450. However, that use does not become common until the end of the 17th century.

It would seem, then, that the use of the word “revolution” in a medieval context is anachronistic. However, one may argue that some confrontations leading to major changes in the established social or political order of Medieval England can indeed be called revolutions or revolutionary a posteriori. Could the 1381 Peasants’ Revolt be seen as a failed revolution?

As regards religion, the topic brings to mind the reformatio: one can think for instance of the various reformist ideas within the Church which, between the 11th century and 4th Council of the Lateran (1215), advocates libertas ecclesiae and tries to get rid of corruption. From the 14th century onwards, Lollards also try to bring profound changes to the Church. Some of their ideas, like the translation of the Bible in the vernacular and the end of celibacy for priest, considered heretical then, could be called revolutionary.

Less polemically, “revolution” can also be understood as a renovatio in English culture. The word suggests both an abrupt departure and a return to an initial position, not unlike the concept of renaissance, which has been used to describe all at once an intellectual upheaval, a rejection of the immediate past and the rediscovery of a distant idealized past. This could lead us to re-examine the various “renaissances” of the Middle-Ages: the Northumbrian, the Alfredian or the 12th century renaissance in particular.

Orality and literacy also undergo massive changes in the Middle-Ages. Some historians describe the multiplication of texts between the 11th and the 14th century as the “first revolution of writing” and of course the invention of printing at the very end of the medieval period constitutes a revolutionary event, which can be studied from a cultural and/or technological standpoint. Before that, the professionalization of the production process of manuscripts can also be considered a great upheaval, even if it was more gradual.

As regards language, one can consider the various foreign influences on the English language throughout the period: was the “natural” evolution of English disrupted by historical events? Can the return to the vernacular in literature be considered a renaissance? Can the shift from a flexional language with a relatively free word order to a more and more isolating one with a fixed word order be called a revolution?

One can also think of the end of anonymity for authors, which signals an important change in how the past and its canonical authors are considered, as well as a form of liberation.

As well as revolutions that did take place, revolutions that might have been are also worth considering, especially those that did occur in other European countries: how come English authors favoured verse over prose in narratives for much longer than some of their neighbours, for instance?

The papers, written in English or in French, must be sent before October 30, 2018 to Nolwena Monnier: nolwena.monnier@iut-tlse3.fr. The BAM uses double-blind peer review. The stylesheet to be used may be found on our website: http://amaes.org/publications-de-l-amaes/notre-journal-bam/soumettre-un-article/

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La revue d’études médiévales anglaises BAM vous invite à soumettre un article pour son numéro 93 qui, dans la continuité de la thématique du congrès 2018 de la SAES, sera consacré au thème “révolution”. Les articles, en anglais ou en français, seront à envoyer avant le 30 octobre 2018. Nous recommandons aux auteurs intéressés de faire parvenir un titre et une brève description du contenu de leur article dès que possible.

Le terme “revolution” n’apparait pas dans la langue anglaise avant le XIVe siècle. Le mot est emprunté au français revolucion qui est issu du latin revolvere. En latin médiéval, l’acception de revolutio devient à la fois scientifique et religieuse puisqu’elle renvoie au mouvement des corps célestes ainsi qu’à la transmigration des âmes (ou métempsycose). La première trace du mot “revolution”, utilisé pour signifier un brusque changement dans l’ordre social, date de 1450. Pour autant, cet emploi ne devient courant qu’à partir de la fin de XVIIe siècle.

De prime abord, il semblerait alors que l’utilisation du terme “révolution” dans un contexte médiéval soit anachronique. Néanmoins, ne pourrait-on pas aujourd’hui qualifier de révolution ou de révolutionnaire certains rapports de force qui ont pu exister en Angleterre au Moyen Âge et dont les enjeux furent le bouleversement de l’ordre politique et sociétal établi, la transformation économique du pays et les grands changements institutionnels et juridiques? La Révolte des paysans de 1381 ne serait-elle pas en fait une révolution ratée ?

En matière religieuse, le thème soulève la question de la reformatio et l’on pourrait explorer les différentes idées réformistes portées au sein de l’Église qui, entre le XIe siècle et le concile de Latran IV (1215), revendique la libertas ecclesiae et cherche à purger un système gravement corrompu. Plus tard, avant la Réforme, ce sont les Lollards qui, à partir du XIVe, vont tenter de transformer l’Église en profondeur. Certaines de leurs idées, comme la traduction de la Bible en langue vernaculaire ou l’abolition du célibat des prêtres, caractérisées alors comme hérétiques, n’étaient-elles pas révolutionnaires ?

Dans un registre moins sulfureux, “Révolution(s)” peut également être lié à la renovatio culturelle anglaise. Si le thème évoque à la fois une rupture et un retour au point de départ, il en est de même pour le terme “renaissance”, utilisé pour caractériser, en même temps, un bouleversement intellectuel, la rupture avec un passé immédiat et la redécouverte d’un passé lointain glorieux. Ainsi des réflexions pourraient être menées sur le sens des renaissances northumbrienne, alfrédienne ou encore du XIIe siècle. Celles-ci ne révèlent-elles pas certaines caractéristiques similaires aux révolutions cultuelles ?

Par ailleurs, c’est le rapport entre oralité et écrit qui évolue au cours du Moyen Âge. Certains historiens qualifient de “première révolution de l’écrit” la multiplication des textes entre les XIe et XIVe siècles — mais l’évènement révolutionnaire par excellence de la toute fin du Moyen Âge pour ce qui est de l’écrit reste bien entendu l’invention de l’imprimerie, évènement qui pourra être étudié sous l’angle civilisationnel ou technologique. Avant cela, la professionnalisation de la fabrication des manuscrits peut également être considérée comme un profond bouleversement, même s’il fut plus discret et progressif. Comment les monastères, dont c’était une source importante de revenus et de prestige, l’ont-ils vécu ? Ont-ils tenté de combattre cette compétition nouvelle ou se sont-ils inclinés devant elle ?

En linguistique, on pourra comparer les influences respectives des langues parlées par les envahisseurs scandinaves ou normands à des périodes différentes sur l’anglais : faut-il y voir une évolution naturelle chahutée par l’histoire ? Et le retour à la langue vernaculaire dans la littérature anglaise comme une renaissance ? Le basculement d’une langue flexionnelle à l’ordre des mots souples vers une langue de plus en plus isolante à l’ordre des mots fixe peut-il être considéré comme une révolution ?

On pourra aussi se pencher sur la fin de l’anonymat des auteurs, qui indique un changement profond dans le rapport au passé et aux auteurs canoniques, et représente une forme de libération. On pourra également se poser la question des révolutions “qui n’ont pas eu lieu” ou alors beaucoup plus tard que dans d’autres pays européens : pourquoi les auteurs de langue anglaise ont-ils privilégié tout au long du Moyen-Âge les formes versifiées pour conter leurs histoires plutôt que la prose ?

Les articles, en anglais ou en français, seront à envoyer avant le 30 octobre 2018 à nolwena.monnier@iut-tlse3.fr. Ils donneront lieu à une évaluation en double aveugle. La feuille de style est à retrouver sur le site de l’AMAES : http://amaes.org/publications-de-l-amaes/notre-journal-bam/soumettre-un-article/

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The French Journal of Medieval English Studies BAM is seeking submissions for a special issue focusing on the notion of “revolution”. The papers, written in French or English, should be submitted to Nolwena Monnier by October 30, 2018 (see more information below). Authors who wish to submit a paper are advised to get in touch and submit a title with a brief description of content as soon as convenient.

The papers will be published in issue 93 of BAM. The text below offers suggestions for how this topic can be interpreted, but contributions on other relevant topics are welcome.

The word “revolution” does not appear in English before the 14th century. The word is borrowed from French revolucion, derived from the Latin revolvere. In medieval Latin the meaning of revolutio becomes both scientific and religious as it describes the movement of celestial bodies and the transmigration of souls (metempsychosis). The first known occurrence of the word “revolution” to describe an abrupt change in social order dates from 1450. However, that use does not become common until the end of the 17th century.

It would seem, then, that the use of the word “revolution” in a medieval context is anachronistic. However, one may argue that some confrontations leading to major changes in the established social or political order of Medieval England can indeed be called revolutions or revolutionary a posteriori. Could the 1381 Peasants’ Revolt be seen as a failed revolution?

As regards religion, the topic brings to mind the reformatio: one can think for instance of the various reformist ideas within the Church which, between the 11th century and 4th Council of the Lateran (1215), advocates libertas ecclesiae and tries to get rid of corruption. From the 14th century onwards, Lollards also try to bring profound changes to the Church. Some of their ideas, like the translation of the Bible in the vernacular and the end of celibacy for priest, considered heretical then, could be called revolutionary.

Less polemically, “revolution” can also be understood as a renovatio in English culture. The word suggests both an abrupt departure and a return to an initial position, not unlike the concept of renaissance, which has been used to describe all at once an intellectual upheaval, a rejection of the immediate past and the rediscovery of a distant idealized past. This could lead us to re-examine the various “renaissances” of the Middle-Ages: the Northumbrian, the Alfredian or the 12th century renaissance in particular.

Orality and literacy also undergo massive changes in the Middle-Ages. Some historians describe the multiplication of texts between the 11th and the 14th century as the “first revolution of writing” and of course the invention of printing at the very end of the medieval period constitutes a revolutionary event, which can be studied from a cultural and/or technological standpoint. Before that, the professionalization of the production process of manuscripts can also be considered a great upheaval, even if it was more gradual.

As regards language, one can consider the various foreign influences on the English language throughout the period: was the “natural” evolution of English disrupted by historical events? Can the return to the vernacular in literature be considered a renaissance? Can the shift from a flexional language with a relatively free word order to a more and more isolating one with a fixed word order be called a revolution?

One can also think of the end of anonymity for authors, which signals an important change in how the past and its canonical authors are considered, as well as a form of liberation.

As well as revolutions that did take place, revolutions that might have been are also worth considering, especially those that did occur in other European countries: how come English authors favoured verse over prose in narratives for much longer than some of their neighbours, for instance?

The papers, written in English or in French, must be sent before October 30, 2018 to Nolwena Monnier: nolwena.monnier@iut-tlse3.fr. The BAM uses double-blind peer review. The stylesheet to be used may be found on our website: http://amaes.org/publications-de-l-amaes/notre-journal-bam/soumettre-un-article/

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